Pendant longtemps, on imprimait la chose et c′était fini (version intégrale)

27 mars 2025
Publication - Texte intégral
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En 2024, les Éditions du Blé ont célébré un jalon marquant: 50 ans d’édition et de création littéraire. Pour souligner cet anniversaire, un cahier spécial, 50 ans en évolution, a été publié en septembre 2024 dans La Liberté. Certaines contributions ont dû être écourtées pour s’adapter au format imprimé. Ce texte est présenté ici dans sa version intégrale. Bonne lecture!

Version publiée en septembre 2024

Le parcours professionnel du graphiste Philippe Dupas suit, presque pas à pas, l’évolution du milieu de l’édition. À peine sorti de l’école secondaire du Précieux-Sang, il prépare des maquettes sur papier à Simpson Sears. Aujourd’hui, il produit les livres numériques des Éditions du Blé.

Il a commencé en dessinant, comme il le dit si bien, «en faisant un peu de peinture quand j’étais pas mal jeune. À un point, j’ai décidé que c’était ça que je voulais faire dans la vie. J’ai été vraiment chanceux que pendant mes années du secondaire, j’avais pris un emploi à temps partiel à Simpson Sears. À la fin de mes études, je devais prendre la décision soit de devenir enseignant, soit de rentrer dans ce métier-là. Sears avait un bureau de publicité. Un jour, je me suis présenté là pour demander s’il y avait une possibilité de travailler là. Ils ont dit, non! Alors, là j’ai dit, okay, enseignant it is! Mais deux, trois jours plus tard à peine, ils m’ont appelé: viens donc nous parler. Et ils ont créé un genre de poste pour moi. Franchement, sans ça, je suis convaincu que je n’aurais pas été capable de rentrer dans ce métier-là.»

«Donc j’ai commencé au vrai commencement. À Sears, on faisait des dépliants publicitaires, des affaires comme ça. La façon que ça se faisait dans ce temps-là, c’était du paste-up, tu préparais une maquette sur papier. On prenait une copie d’une illustration, puis on mettait ça sur une feuille de papier. Ensuite, on écrivait nos affaires comme Entête, Texte, et tout ça. Ça allait à une autre compagnie qui faisait le travail graphique. Donc, au début, je ne connaissais pas ce qui se passait après cette première étape.»

Philippe Dupas
(photo: Lucien Chaput)

Lorsque Simpson Sears ferme son bureau de publicité il se trouve sans travail. «Chanceux, j’avais juste assez de connaissances pour commencer à travailler à Typoplate qui était un atelier de prépresse. C’est là que j’ai appris comment faire tout ce que je sais faire en graphisme à l’ordinateur aujourd’hui. Étant donné que j’avais un côté créatif, là où je travaillais, les gens voulaient en profiter. Ça m’aidait beaucoup, j’avais beaucoup d’opportunités de faire des choses comme ça.»

«Finalement, j’étais rendu à un point où je me suis dit, pourquoi pas travailler à mon propre compte. C’est là que j’ai commencé avec l’appui et le support de plusieurs personnes. Annette Saint-Pierre des Éditions des Plaines était superbe avec ses contrats. Elle m’a donné des jobs d’illustration de livres pour enfants, et puis ça m’a soutenu pendant quelques années. Tu sais, quand on commence, ça prend du temps.»

«Dans ce temps, on n’avait pas encore les outils pour faire les illustrations par ordinateur. C’était vraiment la vieille école, comme on dit. Je faisais le dessin à la main. Pour ajouter la typographie, c’était compliqué. Souvent, on utilisait le Letraset si c’était efficace, ou on demandait à des compagnies qui faisaient la linotype pour la typographie.»

«Le travail de mise en pages de livres, c’est quelque chose que je fais de plus en plus, depuis que d’autres en font de moins en moins, principalement à cause du livre numérique. C’est là que les choses ont vraiment commencé à changer. Pendant longtemps, le travail de publier un livre, c’était d’imprimer la chose, et l’affaire était finie. Puis là, on a commencé à avoir le PDF. On a eu l’arrivée du livre numérique. Le livre numérique, c’est une affaire compliquée. C’est d’offrir toute la flexibilité au lecteur. Ce qui veut dire que la grandeur des polices de caractères, les styles, comment les choses se présentent, ne sont plus fixes.»

«Ça prend une espèce de curiosité pour demeurer dans ce métier-là, parce que tout change tellement. Le livre numérique, c’est quelque chose que je dois savoir faire. Ça fait partie de mon métier. C’est quelque chose que je voulais être capable d’offrir. Pour moi, des contrats comme ça, c’est, en principe, toujours des opportunités. On ne fait pas beaucoup d’argent, mais on apprend beaucoup!»

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