Le noir et blanc d’après Réal Bérard: illustrer sans se servir de gros mots! (version intégrale)

13 mars 2025
Publication - Texte intégral
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En 2024, les Éditions du Blé ont célébré un jalon marquant: 50 ans d’édition et de création littéraire. Pour souligner cet anniversaire, un cahier spécial, 50 ans en évolution, a été publié en septembre 2024 dans La Liberté. Certaines contributions ont dû être écourtées pour s’adapter au format imprimé. Ce texte est présenté ici dans sa version intégrale. Bonne lecture!

Version publiée en septembre 2024

 

Parmi les trois premiers livres lancés par les Éditions du Blé en ce 15 décembre fatidique, il y a 50 ans, il y avait Nico et Niski visitent le Manitoba, un cahier d’activités pour enfants créé par Claude Dorge et Réal Bérard. Depuis, l’artiste de Saint-Pierre-Sud a été le plus fidèle illustrateur de la première maison d’édition francophone de l’Ouest canadien.

La grande qualité de Réal Bérard comme illustrateur, autres que son talent indéniable et sa sensibilité très canayenne, est sa grande polyvalence. Pensons, par exemple, à la douzaine d’aquarelles en couleurs des paysages de Gabrielle Roy qu’il a signées pour l’édition spéciale de Ma petite rue qui m’a menée au bout du monde de Gabrielle Roy.

Pensons aussi aux autres livres qu’il a illustrés, que ce soit pour jeunes ou adultes. Comment se prend-il pour réussir un sans faute pour de si différents livres? Réponse de Réal Bérard: «C’est le texte qui compte, qui donne l’idée, qui met le feu. Ça prend le texte pour allumer les idées. C’est un peu comme pour la dynamite, c’est le texte qui l’allume!»

Parce que le Blé a des moyens, disons limités, on lui demande souvent des illustrations en noir et blanc. Est-ce que cela met un carcan à son talent? «Des fois, je pense que le noir et blanc est plus fort que les couleurs. Pourquoi? Je ne sais pas. Travailler en gravures, c’est la même chose. Des fois, trop de couleurs, ça perd sa force. C’est comme en jasant, si t’arrives avec trop de gros mots, ça marche plus. C’est le même sentiment. La couleur, ça démanche la patente. Ça perd sa force. C’est comme pour une citation. La puissance d’une citation, c’est que ce n’est pas compliqué, c’est quelques mots seulement. C’est ça le noir et blanc.»

Louison Sansregret, Métis de Marius Benoist, illustrations de Suzanne Gauthier, paru en 1975 et réédité en 1994, premier livre du Blé à recevoir un Prix Champlain (1977).

 

La puissance du noir et blanc: Riel mettant son pied sur la chaine des arpenteurs, dans À la recherche de Riel de Louisa Picoux.

 

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