«J’aime l’odeur des livres!» (version intégrale)

13 mars 2025
Publication - Texte intégral
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En 2024, les Éditions du Blé ont célébré un jalon marquant: 50 ans d’édition et de création littéraire. Pour souligner cet anniversaire, un cahier spécial, 50 ans en évolution, a été publié en septembre 2024 dans La Liberté. Certaines contributions ont dû être écourtées pour s’adapter au format imprimé. Ce texte est présenté ici dans sa version intégrale. Bonne lecture!

Version publiée en septembre 2024

 

Avec l’omniprésence des médias sociaux, la mort du livre papier a été annoncée plus d’une fois. Et avec la production de livres numériques depuis une dizaine d’années, il y avait lieu de craindre que cette fois-ci, ce serait le coup de grâce.

«Je suis heureux d’apprendre qu’il y a une remontée du livre publié, du livre papier, et que cette augmentation-là est attribuée aux jeunes», indique Roger Léveillé, auteur et collaborateur de longue date des Éditions du Blé. «J’imagine qu’ils sont tannés d’être médiatisés. Ils aimeraient quelque chose de solide entre leurs mains.»

Le libraire Gérald Boily fournit l’analyse suivante basée sur plus de 35 années d’expérience dans le domaine. «Avec l’arrivée du numérique, on a prédit la mort du livre. Pourtant, lorsque le rasoir électrique a été introduit, on a prédit la mort du rasoir à lame. Là, tu as des rasoirs à cinq, six lames! On annonce souvent la fin d’un produit, et ce n’est pas nécessairement vrai. Au niveau de la musique et du cinéma, il y a eu la fin du CD et du DVD. Ça, c’est vrai. Spotify et Netflix ont tué le CD et le DVD.»

«Mais le livre n’est pas mort. Il y a quelque chose de tactile avec le livre. Les gens entrent ici à la librairie et disent “J’aime l’odeur des livres!” La tablette ne te donne pas ça. Le côté tactile est important, d’où le fait que les disques en vinyle reviennent. C’est un objet, un objet d’art: il y a le côté artistique, les paroles, un objet. On reprend possession de la musique via une œuvre d’art, un objet, quelque chose de tactile… des pochettes énigmatiques, signées par des artistes… Le livre répond à ça, il est tactile.»

L’ancien professeur de littérature à l’Université de Winnipeg poursuit: «Un endroit où on aurait cru que le livre serait mort, c’est dans le domaine scolaire. Mais non, il y a une quantification de la connaissance dans un livre. Tu te souviens dans quel coin tu as vu telle information, tu tournes la page, tu as ton surligneur. La machine ne t’offre pas cela.»

«La machine t’envahit avec l’information, le livre l’organise. Le manuel scolaire organise l’information. C’est fascinant ça. C’est une jeunesse qui a été élevée avec l’audiovisuelle, mais le manuel scolaire demeure quelque chose que l’étudiant veut avoir. C’est la connaissance tactile.»

«J’ai toujours trouvé que Salamandre, le premier titre publié aux Éditions du Blé, était une brillante façon de commencer une maison d’édition en empruntant une façon de faire de l’édition ancienne. Les pages du livre n’étaient pas coupées. Il fallait que tu ouvres les pages avec un ouvre-lettres. Tu te dis aujourd’hui, c’est quoi ça, un ouvre-lettres! Salamandre, ce n’est pas seulement de la bonne poésie de Paul Savoie, c’est un ouvrage d’art intéressant.»

Gérald Boily, libraire et membre du CA des Éditions du Blé (1986-1990). (Photo: Lucien Chaput)

 

 

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