Et demain? Des cadres qui ÉCLATENT (version intégrale)

27 mars 2025
Publication - Texte intégral
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En 2024, les Éditions du Blé ont célébré un jalon marquant: 50 ans d’édition et de création littéraire. Pour souligner cet anniversaire, un cahier spécial, 50 ans en évolution, a été publié en septembre 2024 dans La Liberté. Certaines contributions ont dû être écourtées pour s’adapter au format imprimé. Ce texte est présenté ici dans sa version intégrale. Bonne lecture!

Version publiée en septembre 2024

Quand Katrine Deniset, autrice franco-manitobaine de la relève, imagine l’avenir de la littérature au Manitoba, elle voit «une pluralité du français. Certains écrivent de manière plus familière, slang, en franglais, d’autres de manière plus soutenue. Il y a de la place pour tout. C’est la réalité de nos expressions, donc c’est ce que la littérature devrait montrer». Une écriture plus directe aussi, d’où l’engouement pour le haïku.

Le slam est un autre exemple d’écriture oralisée. Autrice de la relève et slameuse, Amber O’Reilly en a inclus dans son premier recueil de poésie, Boussole franche. «J’en ai publié comme je les avais déclamés sur scène, j’en ai aussi enregistré en vidéo et pour la radio.

Amber O’Reilly
(photo : Gracieuseté Maxime Côté)

«Avec le monde de plus en plus numérique, on voit une pluralité de formes d’existence et de diffusion de la littérature, ce qui ne peut qu’enrichir la portée de nos voix. Je sais que certains sont attachés au livre papier mais l’important pour moi, c’est que la littérature continue d’exister, peu importe sous quelle forme.»

L’écriture inclusive pourrait aussi faire son chemin dans la littérature de demain, un exercice auquel Katrine Deniset, parmi d’autres, s’est pliée. Elle a écrit une nouvelle, qui sera prochainement publiée, dont le personnage principal est non genré et son pronom est iel. «Je voulais le faire car c’est un sujet très important aujourd’hui dans la société, et pour une bonne raison : tout le monde a droit à son identité.»

Roger Léveillé, écrivain et cofondateur des collections Rouge puis Nouvelle Rouge aux Éditions du Blé, renchérit sur la monté de personnages non binaires: «C’est important car connaitre et comprendre l’Autre passe par la lecture. Lire nous ouvre les yeux, nous pousse à confronter nos acquis.»

Par ailleurs, le milieu littéraire semble davantage connecté aux autres disciplines artistiques. «Un bon exemple, c’est Mozes de Marcel Gosselin, publié aux Éditions du Blé en 2000, indique Roger Léveillé. On y trouve ses poèmes, ses peintures et un CD où il chante ses poèmes. Un ouvrage tridimensionnel!»

On se dirige aussi vers plus d’interactions et de solidarité au sein du milieu. «Beaucoup de réseaux se créent, comme le RENOC (Réseau des écrivains du Nord et de l’Ouest du Canada) récemment, confirme Amber O’Reilly. Ces occasions d’échanger, ou même de travailler et créer ensemble, sont importantes et enrichissantes.

«Moi-même, je viens de faire une collaboration multilingue Canada-France-Mexique. Si je n’avais pas eu ces occasions d’entrer en contact avec des auteurs d’un peu partout, ma pratique serait probablement très différente de ce qu’elle est aujourd’hui.»

Katrine Deniset s’en réjouit: «Je sens un éveil. Les auteurs plus établis veulent créer des ponts avec les nouveaux, briser l’isolement. On se tend la main.»

Katrine Deniset
(photo: Tyler Shipley)

Un tournant facilité par internet. «Sur les réseaux, on peut déposer nos mots et recevoir du feedback, poursuit-elle. C’est bien utile, et on rejoint un public plus varié. De plus, ça peut prendre longtemps avant d’être publié officiellement par une maison d’édition. Parfois, surtout quand on est un nouvel auteur, on veut savoir tout de suite si ce qu’on écrit vaut la peine.»

Roger Léveillé confirme: «Je vois des auteurs publier directement sur leur blog sans chercher d’éditeur. Certains écrivent des romans comme ça aujourd’hui, cependant tout n’est pas bon sur le web. Les maisons d’édition resteront toujours une garantie de qualité.»

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