Ça ne coute pas très cher de voyager en Afrique! (version intégrale)

27 mars 2025
Publication - Texte intégral
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En 2024, les Éditions du Blé ont célébré un jalon marquant: 50 ans d’édition et de création littéraire. Pour souligner cet anniversaire, un cahier spécial, 50 ans en évolution, a été publié en septembre 2024 dans La Liberté. Certaines contributions ont dû être écourtées pour s’adapter au format imprimé. Ce texte est présenté ici dans sa version intégrale. Bonne lecture!

Version publiée en septembre 2024

Au secondaire, elle était fascinée par les langues. Elle avait même appris l’espagnol. Son passe-temps: la lecture, en espagnol, en français et en anglais. Pourtant, être professeure de littérature n’était pas son premier choix de carrière.

«En fait, j’adorais les animaux, je voulais être vétérinaire, concède Lise Gaboury-Diallo. Mais dès que j’ai pris mon premier et seul cours de biologie, j’ai dit, ah non, Lise n’est pas capable de faire les laboratoires. La vue du sang, ça me posait énormément de problèmes. Et de toute façon, j’étais plutôt faible en chimie, puis en physique, il y avait toujours des choses qui m’échappaient.»

Son deuxième choix? «J’aime les livres. Et je me suis dit, j’aimerais enseigner mon amour du livre à d’autres. J’aimerais que les gens connaissent toute la richesse des livres, toutes les stratégies qui sont mises en œuvre. Les grands musiciens, n’est-ce pas, c’est incroyable qu’avec un certain nombre de notes, ils peuvent inventer à nouveau la musique. C’est la même chose avec la littérature, alors je me suis donc lancée et je suis allée en France faire ma maitrise et le doctorat.»

Lise Gaboury-Diallo

Constatant par son accent qu’elle venait d’ailleurs, on lui propose d’étudier la littérature québécoise. Prenant son courage à deux mains, elle leur dit qu’elle trouvait ça bizarre de venir en France pour étudier la littérature québécoise. On lui propose une solution intérimaire, étudier des auteurs français qui ont vécu au Canada. «Ce qui m’a beaucoup aidée, dit-elle. Et le programme où j’étais était génial. C’était un centre d’études francophones, alors j’ai été initiée, à ma grande joie, aux littératures de la francophonie, les littératures africaine, maghrébine, antillaise, de l’océan Indien, et ça m’a ouvert les yeux. C’était comme voyager. Comme je dis toujours, ça ne me coute pas très cher de voyager en Afrique! Les aventures par procuration, c’était extraordinaire. Et là, j’étais vraiment décidée: je voulais enseigner au niveau universitaire.»

L’année qu’elle a soutenu sa thèse, Annette Saint-Pierre prend sa retraite. Elle la remplace à l’Université de Saint-Boniface. «J’adore enseigner la théorie féministe! Quand j’ai commencé à enseigner à l’université, j’ai hérité un peu de toute la programmation qu’Annette Saint-Pierre avait mise en place. Annette était une canadianiste. Elle avait introduit un cours sur le conte, les légendes et les mythes. Il y a beaucoup de recherches qui démontrent que les contes de fées, c’est hypersexiste. Les jeunes adorent qu’on les initie à une théorie féministe. Ils comprennent un petit peu les dessous de la littérature. C’est juste un exemple, il y a beaucoup, beaucoup de théories qui circulent.»

«Plus tard, j’ai introduit des cours de création littéraire, j’ai introduit des cours de littérature africaine. J’ai commencé à enseigner des cours de création de nouvelles, de poésie, et une fois, le cours de roman et de théâtre. Parallèlement, il y avait au niveau de l’Université du Manitoba la maitrise et le doctorat en création. Ils avaient un étudiant qui voulait la faire en français. Finalement, j’ai eu le bonheur d’encadrer plusieurs étudiants qui ont fait la création. Je pense à Robert Nicolas. Le Blé a publié son ouvrage Nouvelles orphelines. J’ai aussi travaillé avec d’autres auteurs et autrices de la maison. C’est avec beaucoup de plaisir que je fais ça, aider à la relève.»

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