Une routine pas rassurante
« Une routine pas rassurante »
Paul François Sylvestre - www.jaipourmonlire.ca
Le Franco-Manitobain Robert Nicolas a publié Nouvelles orphelines pour démontrer que sa « place était celle d’un narrateur dans la fiction d’un autre ». La quinzaine de textes est destinée à « toutes celles et tous ceux qui souffrent de l’énormité de la banalité quotidienne de la vie ». Il est vrai que chaque nouvelle part d’un fait divers, banal, mais la réflexion sous-jacente demeure hors du commun.Un petit rien quotidien comme le magasinage devient « le comble de l’ennui, une épreuve cauchemardesque : un véritable enfer ». Une relation entre deux personnes est comme un agrume, elle renferme des pépins. Or, le pépin peut devenir aussi gros qu’un noyau, non pas de cerise mais de pêche. Ailleurs, ce sont la taille, le format et la marque de la plume qui importent, car « si la plume de mes rêves ne me tombe jamais sous la main quand je suis prêt à écrire, comment arriverai-je à être une célèbre écrivain ? »Une nouvelle sur le service en français dans une régie d’alcool (du Manitoba ?) m’a fait sourire, m’a sur tout rappelé mes multiples et vaines démarches pour être servi en français dans une succursale de la LCBO, pourtant désignée bilingue.J’aime bien les nouvelles qui ont une chute inattendue et j’ai été bien servi en lisant « En attendant la pluie ». On pense que le narrateur court après son personnage alors qu’il court après son ombre, son reflet, son image, son soi.Robert Nicolas a un style coloré et il aime inventer des mots (pseudauteur) ou des situations cocasses (faire une maîtrise dans le doute et obtenir un doctorat dans la perplexité). On ne s’ennuie pas à lire ces « relations palimpsestueuses ».